Fondateur de la société SCIAM, cabinet conseil en innovation et transformation des organisations, Maurin Soriano est intervenu lors de la soirée de rentrée du XVDSI le 08 septembre dernier. Il a présenté les bénéfices de l’intelligence collective pour les entreprises et préconise un temps d’analyse et d’écoute terrain pour recréer des modalités de travail postcovid.
Le XVDSI – Quelle est l’activité de la société SCIAM dont vous êtes le président ?
Maurin Soriano – Nous sommes une société de conseil fondée sur le dialogue entre technologie et sciences humaines. Notre objectif est de résoudre les problèmes opérationnels de nos clients à travers une démarche pluridisciplinaire innovante regroupant des experts en sciences cognitives, intelligence collective et nouvelles technologies. Nous pensons que l’expertise doit revenir au centre de la proposition de valeur des cabinets de conseil notamment dans l’IT où l’augmentation des besoins clients et le business model de croissance des cabinets des années 2000 a eu pour effet de privilégier la quantité de ressource à sa qualité. Les experts en bout de chaîne ont souvent été déconsidérés et se sont tournés vers d’autres industries plus valorisantes ou vers des carrières de freelance. Nous voulons de ce point de vue réenchanter le conseil.
Le XVDSI – Et que proposez-vous aux entreprises ?
Maurin Soriano – Nous accompagnons nos clients sur deux grandes problématiques : comment faire travailler votre organisation de manière efficace en gardant les salariés engagés et Comment mieux servir vos clients pour rester compétitif. Sur la première problématique, les modèles en place depuis 70 ans ont permis de construire des groupes stables et sous contrôle, ils se percutent aujourd’hui à un besoin d’innovation rapide et une demande d’autonomie et d’épanouissement salariale forte. Pour permettre une transition pragmatique nous développons dans un cadre académique et opérationnel des méthodes et techniques regroupées sous la bannière d’intelligence collective permettant d’accroitre l’efficacité des équipes, mais aussi d’augmenter l’adhésion et de renforcer l’engagement vis-à-vis des décisions à mettre en œuvre. Sur la problématique de comment mieux servir ses clients pour rester compétitif, nous travaillons sur deux approches conjointes. La première est purement digitale, nous accompagnons les DSI dans la structuration et la réalisation d’un écosystème d’applications permettant de rendre du service opérationnel dans un temps business acceptable. Nous traitons dans ce cadre des sujets allant de l’urbanisation de SI à la mise en place de plateformes et de modèles de datascience. La seconde est comportementale, nous nous sommes dotés d’une équipe d’experts en Science comportementale qui analyse les comportements réels des clients et proposent des dispositifs permettant de statistiquement les modifier.
Le XVDSI – Quelle a été la thématique de votre intervention auprès des membres du XVDSI ?
Maurin Soriano – Nous avons présenté ce qui était pour nous l’intelligence collective et pourquoi l’agrégation des sous-disciplines qui les constituent fait sens dans la résolution de problèmes clients. Nous avons également présenté le cadre historique, structurel et théorique de l’intelligence collective en rentrant dans le détail de quelques use cases pouvant être implémentés dans les entreprises des membres du XVDSI présents.
Le XVDSI – Quels sont les effets de la crise du Covid-19 sur les différents modes de travail ? Qu’observez-vous ?
Maurin Soriano – La covid-19 a une nouvelle fois mis en lumière la capacité des organisations humaines à s’adapter à des circonstances extraordinaires. Les sociétés privées ont fait face, en se prouvant à elles-mêmes parfois qu’elles étaient plus flexibles et résilientes qu’elles ne l’imaginaient. Une large partie de nos clients a par ailleurs réussi à maintenir son niveau d’activité et de commande. Maintenant il va falloir retrouver un mode stationnaire, sans doute hybride, efficace. Certaines entreprises ont pris des décisions assez abruptes de mon point de vue, profitant de l’opportunité pour annoncer des transformations radicales en annonçant vouloir passer en full télétravail par exemple ou en vendant leurs locaux, c’est sans doute trop rapide. Chez SCIAM nous avons mesuré que les salariés réagissaient de manière assez hétérogène vis-à-vis du télétravail. Il faudra à mon sens prendre le temps de l’analyse et de l’écoute terrain pour mener une transition progressive convergeant vers un système pérenne.